Les éruptions du Piton de la Fournaise se concentrent souvent dans l’Enclos Fouqué sur une ligne en arc de cercle passant par le sommet. Après la très courte éruption du 3 avril près du rempart nord de l’Enclos, cette fois la lave est sortie sur le flanc sud du Piton dans la nuit du 27 au 28 avril 2018.
Peu de voitures sur la route forestière et au parking de Foc-Foc, et aussi peu de randonneurs sur le sentier du Piton de Bert, à part l’ami Gaëtan que je rejoins et avec lequel je continue la marche.
Nous posons sacs, trépieds et regards au bord du rempart, entre branles et acacias, entre Piton Rouge et Piton de Bert. Il fait froid mais le ciel est dégagé et le vent faible. A environ un kilomètre des coulées, nous sommes beaucoup trop loin pour en ressentir la chaleur mais le vent nous ramène l’habituelle odeur soufrée des éruptions.
La nuit est encore noire et les seules couleurs sont le rouge et… le noir ! Rouge qu’il est possible de décliner vers le jaune ou le blanc (beurk !) selon le réglage d’exposition que l’on adopte – c’est le moment de faire ses gammes ! Merci les appareils photo numériques, leurs écrans et histogrammes !
D’abord à peine perceptible et révélée par les photos en pose longue, l’aube apporte sa succession de teintes roses.
Près du Piton Chisny, trois cratères font jaillir la lave en un flot qui se répand dans l’Enclos en ayant parcouru environ deux kilomètres en quelques heures et brule une forêt de branles.
A cette distance, les projections de lave sont belles mais pas exceptionnelles et la vue vaut surtout par son ensemble : l’Enclos Fouqué, caldeira où se produit la quasi totalité des éruptions du Piton de la Fournaise, est un formidable écrin.
Soudain le Soleil apparait. Diamant au-dessus d’une mer de nuages. En quelques minutes son éclat orange nous éblouit et nous masque le rouge de la lave.
L’aube n’est plus qu’un souvenir – et quelques photos ! Je prend alors le chemin du retour et découvre que le sentier porte quelques traces de givre ! peut-être les premières de cet hiver naissant ? Ce givre était-il déjà là dans la nuit sans que je vis à la lumière de la lampe ? ou s’est-il formé en toute fin de nuit ?
Je me prend alors à chercher les plus belles paillettes de glace. Photographier ces lumineux filaments millimétriques rappelle vite les contraintes de la macro photo : profondeur de champ réduite et flou de bougé appellent de bons réglages ! Vite, quelques images ! (nettes si possible !) avant que l’ardeur du Soleil ne les efface pour aujourd’hui.
J’atteins le petit défilé où se trouvent les magnifiques mini tunnels de lave éventrés qui forment des « fours à pain » photogéniques.
De la nuit à la lumière, du froid au chaud, de l’impatience à la quiétude, mes pas me font remonter le sentier et mon esprit s’emplit d’une euphorie douce : ivresse d’altitude ? 🙂